mercredi 2 septembre 2009

le changement et son accompagnement

Votez pour ce site au Weborama
CHAPITRE : I : Le CHANGEMENT (transformation, transfert, rupture, adaptabilité…).
Introduction
La question du changement est devenue sociale et politique. Le changement serait du côté du progrès, la résistance du côté de la réaction de l’immobilisme.
I. LE SYSTEME OU L’ORGANISATION
Après notre première justification sur la structure, on pourra dire que « l’organisation est donc un système construit et continuellement produit par des acteurs organisationnels. Le concept d’organisation dans ce sens-là est inséparable de celui de production de soi. Ce qui implique que c’est le processus rétroactif/récursif qui produit l’organisation-système et qui le produit sans discontinuer dans un recommencement ininterrompu qui se confond avec son existence. La production de soi est donc inséparable de la réorganisation permanente c’est-à-dire la production toujours recommencée du processus par lui-même1. » De ces faits, on dira qu’une organisation est un système compte tenu du fait que leur processus est le même avec des jeux d’interaction et de feed-back. Enfin, pour expliciter nos propos, nous nous référons aux définitions de J.-M. Plane et de D. Durand qui suivent.
a) Définition : système et organisation
Tout en n’ignorant pas qu’il y ait faute d’unanimité sur leur définition concrète, nous nous fondons sur l’explication de l’organisation donnée par Jean-Michel Plane qui soutien qu’« une organisation apparaît ainsi comme une réponse structurée à l’action collective, un ensemble relativement contraignant pour les personnes et, simultanément, comme une construction collective dynamique favorisant l’accomplissement de projets communs. Elle peut aussi être appréhendée comme un lieu de réalisation de soi, d’accomplissement et d’épanouissement mais aussi comme un lieu conflictuel au sein duquel s’exercent souvent la domination et le pouvoir2. » Ainsi un système est un organisme structuré et organisé de manière efficace en niveaux et en modules qui est capable de maintenir permanemment ses rapports avec son environnement tout en conservant son identité malgré le fait qu’il varie son comportement et évolue ou "progresse"surtout quand il est vivant et social.
Pour sa part, Daniel Durand signale qu’un système est perçu sous l’"aspect structurel" c'est-à-dire : une frontière plus ou moins perméable entre lui et son environnement ; « un réseau de relation, de transport et de communication qui véhicule soit des matières solides, liquides ou gazeuses, soit de l’énergie, soit des informations sous toutes les formes possibles3 » ;
des éléments hétérogènes en son sein qui sont hiérarchisés, dénombrables et identifiables; puis des réservoirs indispensables à son fonctionnement dans lesquels tout le réseau est stocké.
L’"aspect fonctionnel" du système repose sur : les flux des différentes composantes du réseau transitant dans ses réservoirs, les centres de décisions où sont traitées les informations, les feed-back (boucles de rétroaction) "qui ont pour objet d’informer les décideurs de ce qui se passe en aval et donc de leur permettre de prendre leurs décisions en connaissance de cause", des délais de réponses, considérés comme des réservoirs nécessaires aux traitements pour son meilleur fonctionnement puis les entrées et les sorties qui matérialisent les rapports de ce système avec son environnement, ces rapports étant plus ou moins nombreux et intenses selon que le système est plus ou moins fermé sur lui-même ou ouvert sur l’extérieur.
b) Système Ouvert
La notion de système ouvert s’est élargie considérablement avec les travaux sur les êtres vivants de Cannon vers 1930 et surtout de von Bertalanffy dans les années 1940. [...] Les systèmes les plus ouverts sont généralement ceux qui réagissent le mieux et peuvent s’adapter aux conditions changeantes de cet environnement ; ils doivent cependant garder un certain degré de fermeture pour assurer leur maintien et identité, sinon ils dissoudraient en quelque sorte dans cet environnement.
Rappelons ici que comme les autres systèmes, ce système échange (en relation) avec son environnement trois natures différentes de leurs inputs et outputs : de l’énergie, des informations, des matières en rejetant ce qui lui est nuisible dans ce même environnement ce qui nous renvoie au concept "d’interface" qui est l’admission et le refus de corps étrangers. Contrairement au système fermé qui pour sa part n’échange rien avec son environnement c’est-à-dire avec son monde extérieur. Ce qui ne sous-tend pas qu’il n’a pas de changement comme le soutiennent les auteurs que sont A. Bergmann et B. Uwamungu : « communément on croit que la source de changement des organisations est surtout dans leur environnement. Mais, comme systèmes vivants (systèmes clos et autonomes), elles sont homéostatiques et se réforment aussi d’elles-mêmes (auto-poïèse). Et le changement dans un domaine (technique, organisationnel, économique, social) entraîne inévitablement des effets sur les autres : le changement engendre le changement4. » Ceci dit nous savons que les systèmes aussi bien fermés qu’ouverts subissent des transformations internes ou externes ou les deux à la fois.
c) Système Fermé
La notion de système fermé a été introduite par la thermodynamique dès le milieu du XIXè siècle : c’est un système qui n’échange que de l’énergie mais pas de matière avec son environnement, tandis qu’un système ouvert échange matière et énergie comme nous l’avons dit. Lorsque les perturbations surviennent dans ce système, l’organisme cherchera avec tous les moyens dont il dispose pour retrouver son état initial qui peut à force lui être fatal « au fur et à mesure du déroulement des réactions, l’entropie s’accroît de manière irréversible. Quand l’équilibre thermodynamique est atteint, l’entropie est maximale : le système ne peut plus fournir de travail5 » peut se détériorer et finir par ne plus exister. Comme nous le disions, un système n’est jamais isolé totalement de son environnement qui est l’endroit dans lequel, il se construit, se constitue, s’auto-organise, se meut… Etant donné que son environnement est interne et que tout ce passe dans et à l’intérieur de lui, nous pouvons considérer qu’il n’y a pas de système strictement et quasiment fermé. « Systèmes ouverts et fermés, selon qu’ils ont ou non des rapports avec leur environnement. En fait, il a été noté que le système fermé est un concept théorique et que seuls se rencontrent des systèmes plus ou moins ouverts6. » Ainsi, un système ne peut se passer de régulation avec son environnement. Environnement pris au sens de ce qui le constitue intérieurement ou extérieurement ou les deux juxtaposés pour son bon fonctionnement. Ces différents échanges que le système effectue, permettent à celui-ci de changer et/ou de se maintenir. Cette régulation interne et externe est appelée cybernétique (l’art d’étudier de gouverner) terme sur lequel nous y reviendrons. Mais, comme nous le disions les systèmes ouverts et fermés se distinguent selon qu’ils soient en rapport avec leur environnement. Qu’en est-il exactement ? Pour répondre à cette question nous nous appuierons sur les deux effets des systèmes que sont : le changement et l’homéostasie (état stationnaire).
II. CHANGEMENT ET HOMEOSTASIE Votez pour ce site au Weborama
1. Paradoxe entre changement et homéostasie
En dépit de leur nature apparemment opposée, ces deux termes comme nous venons de l’annoncer, doivent être envisagés ensemble. La permanence a souvent été considérée comme un état naturel qu’on acceptait d’évidence, ce qui faisait du changement le problème à élucider. Pour mieux saisir ce paradoxe, il est important de préciser que tout ensemble humain (individu, groupe, organisation…) peut être défini comme étant un système ouvert en interdépendance avec son environnement capable d’auto-organisation et d’auto-reproduction. Ce qui nous amène à dire que le changement est une nécessaire homéostasie c'est-à-dire la recherche permanente d’un équilibre avec ses environnements.
La théorie de l’autopoïèse et de la clôture opérationnelle d’Humberto Maturana et de Francisco Varela, s’opposant à celle classique de la commande nous rappelle qu’une "machine autopoïétique engendre et spécifie continuellement sa propre organisation"et qu’"ainsi une machine autopoïétique est un système homéostatique dont l’invariant fondamental est sa propre organisation."
C’est à Grégory Bateson, figure de proue de l’Ecole de Palo Alto, que revient le mérite d’avoir apporté des éléments déterminants pour la compréhension du processus de changement. Ses apports, fruits d’une interdisciplinarité exemplaire, ont permis la mise en œuvre d’une nouvelle pédagogie du changement. Bateson distingue deux types de changement dans les systèmes humains : le changement qui intervient à l’intérieur d’un système, qu’il nomme le changement 1, et le changement qui affecte et modifie le système lui-même, qu’il appelle le changement 2.
a) Le changement1 : l’homéostasie
C’est le physiologiste américain Walter B. Cannon (1871-1945)7 qui introduisit le terme homéostasie (homeo= similaire et stasis=rester). « Les processus physiologiques coordonnés qui maintiennent la plupart des états stables dans l’organisme sont si complexes et si particuliers aux êtres vivants – comprenant le cerveau et les nerfs, le cœur, les poumons, les reins, la rate, tous fonctionnant en coopération – que j’ai suggéré une désignation spéciale pour ces états, "l’homéostasie" ». Cette assertion nous fait reconnaître que le changement1 est celui qui permet au système de maintenir son homéostasie, son équilibre : la modification s’opère simplement au niveau des éléments du système. L’homéostasie d’un système réside dans son aptitude à exercer des phénomènes d’autocorrecteurs sur les éléments internes ou externes qui menaceraient son équilibre. La boutade "plus ça change et plus c’est la même chose", que l’on entend fréquemment dans les cafés et les cantines au sujet des mesures prises par la direction d’une entreprise ou d’un gouvernement, traduit parfaitement combien les changements opérés n’aboutissent qu’à des solutions de niveau 1 : solutions qui, précisément, contribuent à enclencher des mécanismes régulateurs, dits homéostatiques car ils maintiennent le système dans son état. Ainsi nous-mêmes tentons-nous le plus souvent, sans le savoir, de changer les choses en aboutissant toujours à la même chose. Cependant ce changement1 par rétroaction est insuffisant dans certains cas. En effet, lorsqu’un système humain ne parvient plus à réguler ses échanges par des mesures habituelles d’autocorrection et d’ajustement et lorsque les solutions de bon sens créent un peu plus de permanence, il entre alors en crise cela signifie qu’au sein du système, des changements d’un autre niveau, le niveau 2, s’imposent et que, s’ils ne sont pas introduits, le système tombe malade ; d’où la nécessité du changement2.
b) Le changement2 : l’évolution
Le changement 2 se caractérise par le fait que c’est le système lui-même qui se modifie ou qui est modifié. Pour reprendre des métaphores empruntées à Paul Watzlawick, le changement 1 s’apparente à l’action du thermostat qui régule la température en fonction des variables thermiques ou encore à celle de l’accélérateur de la voiture qui permet d’aller plus vite mais en conservant le même régime, alors que le changement 2 correspond à une intervention sur le levier de vitesse qui, modifiant alors le régime de la voiture, la fera passer à un niveau supérieur de puissance. Ainsi face à une côte très abrupte (changement de contexte), si le conducteur ne faisait qu’accélérer un peu plus, il n’effectuerait qu’un changement de niveau 1, solution qui amplifierait le problème car sa voiture (imaginons une petite cylindrée), un pet, plus à court de puissance, avancerait de plus en plus difficilement et finirait sans doute par caler. Dans cet exemple, la solution consistant à changer de vitesse pour modifier le régime du moteur correspond précisément à un changement de niveau 2.
Ainsi nous dirons que l’accès au changement2 dans un système humain nécessite que les règles qui le régissent subissent des transformations. Et cette modification des règles d’un système humain relève, d’une reconstruction de la réalité, d’un changement de prémisses, voire d’hypothèses de base ou de présupposés8. Ainsi, nous remarquons qu’un changement opérer présente une certaine modification du système, des règles de ce système ou des éléments de ce système ce qui nous amène à penser que plusieurs formes de changement existent indépendamment les unes des autres.
2. Quelques formes de changement
Par « formes de changement», nous entendons la manière, l’impact ou du moins l’effet qu’a le changement sur le système, son environnement ou sur ses éléments. Ainsi, nous pouvons noter que le changement du système peut donner lieu à « une mutation dont la biologie fournit un exemple particulièrement net : les caractéristiques d’un organisme se modifient brusquement à la suite d’un bouleversement dans le nombre ou la qualité des gènes. Ce bouleversement peut se manifester spontanément ou être provoqué par l’intervention d’un facteur externe (irradiation par exemple). » La seconde forme est celle de la rupture dans lequel « un changement interne au système, au-delà d’un certain seuil, provoque une transformation totale de celui-ci9. » La révolution comme autre forme du changement 2 provient du domaine social « elle pose qu’une société dans son fonctionnement développe des contradictions internes par le décalage existant entre les modes de production et les rapports sociaux dans lesquels ils s’organisent ; au-delà d’un certain seuil, ces contradictions entraînent une transformation globale de l’ensemble du système social et donc un changement de système (passage du féodalisme au capitalisme ou du capitalisme au socialisme…)10. » Le recadrage est une autre catégorie de changement proposé par l’Ecole de Palo Alto qui a pour but non pas d’agir sur les choses mais de les éclairer d’une façon nouvelle. Il tend non seulement à transformer dans le sens de l’ouverture le rapport à une situation et la signification qu’elle revêt c'est-à-dire qu’il suppose la modification du contexte conceptuel et / ou émotionnel d’une situation, ou le point de vue selon lequel elle est vécue, en la plaçant dans un autre cadre, qui correspond aussi bien, ou même mieux, aux "faits" de cette situation concrète dont le sens, par conséquent, change complètement.
Ainsi, nous pouvons affirmer qu’il existe des changements qui sont perpétrés à l’intérieur du système sans avoir des effets sur le système lui-même et des changements à l’extérieur du système qui n’ont aucun effet sur les éléments internes à ce système.
Concernant le changement de donnée intrinsèque au système, nous pouvons citer l’exemple de la structure maniaco-dépressive en psychopathologie de l’école de Palo Alto qui signale que « cette structure fait que le sujet passe par des états très contrastés d’exaltation et de mélancolie ; apparemment, il change du tout au tout, mais ce changement intervient à l’intérieur d’une structure de personnalité permanente11. » On dira alors qu’un changement est une étape qui occasionne soit une mutation, soit une rupture, soit une révolution, soit un recadrage selon qu’il s’effectue sur les éléments internes ou externes au système ou sur le système lui-même. Mais, en générale, nous constatons que ces différentes formes façonnent un ordre déjà établit pour en créer un nouveau qui, pourrait-on penser, profite au système ou à l’acteur. Votez pour ce site au Weborama Votez pour ce site au Weborama

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire